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Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/90

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— Voici. En 1867, j’étais cavalier de deuxième classe au 3e hussards, en détachement à Montbéliard. Un jour, je reçois un bouquet anonyme qui fleurait comme une boutique de parfumerie. Je n’avais pas de vase, pas même de nuit : que faire de mon bouquet ? Le mettre dans ma poche, n’était guère pratique. À la fenêtre de la chambrée, on me l’aurait chipé. La planche à pain me tapa dans l’œil, j’y plaçai mon bouquet, puis je m’endormis.

— Ce jour était donc une nuit ? demanda Moncupette.

— Naturellement. Le jour suivant, nouveau bouquet. Les resuivants jusqu’au vingt-cinquième, chaque jour, un bouquet.

— Où les mettiez-vous ?

— Sur la planche à pain, curé, je te l’ai déjà dit.

— Elle devait être large, la planche à pain.

— Non, longue.

— Comment recevais-tu tes bouquets ?

— Par la poste.

Les dames s’esclaffèrent.

— Ne voyant plus rien venir, je fais un bouquet de mes vingt-cinq bouquets. J’avais mon idée.

— Ils devaient sentir bon.

— Ils embaumaient.

— Comment t’y étais-tu pris pour les conserver ?