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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/136

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fille. Et puis il évoquait presque toutes les minutes de leurs entretiens. Mais il chassait invinciblement, sans d’ailleurs vouloir en discuter la raison instinctive, le souvenir du moment où elle leva sa jupe en disant des choses malheureuses et qu’il n’avait pas comprises encore.

Il se demandait : « Qu’est-ce que l’amour ? Est-ce que je l’aime ? » Il n’était pas très assuré de ses sentiments. Toutefois les vers d’Horace ramenèrent devant lui la silhouette charmante et il se mit à divaguer.

Le professeur l’interrompit.

— Qui pourrait croire, Dué, que cette vieille poésie possédât encore le pouvoir de troubler un lycéen ? Car vous dites des bêtises qui ne s’expliquent point par votre ignorance.

Et il se mit à rire, jetant sur le jeune homme écarlate un regard amusé.

Jean devina que sa face portait quelque trace des émotions de la veille et même que ces traces ne pouvaient s’interpréter qu’assez défavorablement. Il baissa la tête sur son Horace.

Tous les yeux s’étaient attachés sur Jean. Personne ne pensa, bien entendu, qu’il y eût dans la réflexion faite autre chose qu’une méchanceté, car les jeunes gens sont incapables de comprendre l’esprit qui ne blesse point.