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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/137

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Toutefois la discipline de la classe était bonne et bientôt tout fut oublié.

Ce professeur pratiquait l’instruction à sa façon qui était curieuse. D’abord il n’aimait faire ânonner aucune leçon. Aussi, au hasard, choisissait-il seulement un des rhétoriciens pour réciter ce qu’il avait ordonné d’apprendre. Chose assez neuve, les leçons non contrôlées étaient sues, sauf par les cancres qu’on n’interrogeait jamais, pour éviter précisément de les rendre ridicules et de les décourager. Il aimait aussi à questionner sans ordre et sans méthode apparents afin de faire profiter de la surprise l’élève comme ses camarades. Cela entretenait une certaine tension intellectuelle dans ce milieu difficile à mener et à intéresser.

Enfin, avec un art subtil, il cherchait à faire comprendre les textes latins et grecs à travers la vie même. La chose est ingrate et semée d’écueils. Il y parvenait en s’efforçant de bien connaître les âmes adolescentes et en donnant, autant que faire se pouvait, à traduire ou commenter ce qui devait être familier ou immédiatement compréhensible à chacun. De ce chef, il faisait vivre ces vieux auteurs encrassés de pédantisme et qui semblent pour cela si loin de nous.

Cependant, rendu à lui-même, Jean Dué cessait de participer à la classe pour suivre