Aller au contenu

Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et pourtant, sans contredit, c’était là une femme comme toutes. On lisait la plus naïve vanité dans le regard tendu vers une impression surhumaine. Comique en vérité !… On pouvait même percevoir la crainte sous une plissure imperceptible des joues, et le regret de vieillir dans cet étalage de chairs, arc-boutées par une armature métallique sans doute, mais dont la fermeté juvénile se trouvait absente malgré tant d’efforts pour créer l’illusion.

Cette femme n’avait jamais dû être belle, elle avait donc envié autour de soi des femmes que son rôle était de mépriser. Désirant l’impossible et contrainte de ne régner que sur un domaine rendu négligeable par l’omnipotence même, on pouvait lire sur ses traits une âme vide et obscure, restée certainement insatisfaite jusqu’à la mort. Pouvoir obtenir tout, n’est-ce pas se condamner à ne désirer rien ? Et sentir qu’il est plus beau, plus instruit, plus jeune que soi, lorsqu’on est reine, n’est-ce pas savoir qu’au fond, possédant tout, on n’a rien ?

Était-ce chaste, une impératrice ?

Jean Dué réfléchit sur l’étrange question née dans sa conscience malgré lui.

Certes, les femmes qui régnèrent n’ont point été pures. On se contente de dire leur vertu. C’est une clause de style… De même, dans la