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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/16

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dit, les intentions profondes aux regards des gens crédules. Voilà tout.

Alors Jean, découragé de sentir en lui-même une telle force de mépris, ouvrit un troisième tome : une histoire de France aux deux derniers siècles. Il aimait par goût l’étude du passé. Derrière les listes de guerres, de traités, d’intrigues et de supplices, il tentait de mettre d’instinct un peu de vie vivante. Il avait toujours deviné que la simplicité apparente et ordonnée de cet antan fut idée de cuistres dévoués à ratisser les forêts vierges de l’Histoire. Sans doute, au vrai, tout cela fut-il confus, sans direction, malpropre aussi et privé de loyauté. Il suffit de mettre à l’échelle convenable la vie d’un village, avec tout ce qu’elle contient de vil et d’ignominieux, de lâche et de vicieux, pour avoir un aperçu d’ensemble de la grande histoire…

Jean feuilleta le volume. Devant ses yeux apparut le masque lourd et empâté de la reine Marie-Thérèse d’Autriche. Le jeune homme, que son esprit menait à vouloir mieux comprendre les secrets d’un passé aboli, chercha sur la face impériale un peu de la vie réelle qui anima jadis cette chair aujourd’hui dissoute.

Il ne vit rien que l’apparence : l’air de hauteur et d’impassibilité, rehaussé par des bijoux accablants. Ah ! le mystère se trouvait bien scellé !