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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/181

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fierait toutes les félicités sociales pour la joie éperdue de tenir embrassé le corps de sa cousine. L’amour seul infinise les minutes. Le reste ressemble à cette heure insaisissable dont parle Perse :


Fugit hora, hoc quod loquor inde est.


L’heure que je parle est déjà disparue, et aussi l’heure que je pense, et aussi celle que je consacre aux actions dont la seule valeur est celle de l’opinion des foules. Une seule heure ne fuit pas, c’est celle du baiser.

Il se releva. La lueur lunaire paraissait lui parler. Il connaissait ce paysage médiocre dont jamais de jour la beauté ne lui était apparue ainsi. Et maintenant il suffisait d’une lumière vaporeuse et d’un état d’âme pour le transformer, le rendre si attendrissant et si émouvant que le jeune homme se sentait vraiment à cette minute le cœur d’un pasteur de Longus.

Ainsi l’amour agit et change toutes les valeurs humaines. Que viennent faire ici la morale avec ses règles et les ordres sociaux codifiés pour le bon ordre des familles et la transmission des richesses ?

L’homme n’est point fait pour obéir à d’autres voix que celles inscrites en lui par le désir et l’amour.

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