Aller au contenu

Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jean revint à la ville avec lenteur. Une émotion complète et sans arrière-pensée gonflait son cœur amoureux.

Il croyait connaître dorénavant la loi souveraine du monde, cette loi que ses camarades ignoreraient longtemps encore, parce que, jamais, durant une belle nuit de printemps ils n’allèrent rêver dans la solitude, entre une rivière lente et sa campagne parfumée.

Se sentant possédé d’un orgueil vaste comme la nuit, il suivait silencieusement le parapet, au bord de la déclivité gazonnée, lorsqu’il entendit deux voix.

Il y avait, étendu sur l’herbe, un couple heureux qui mêlait de tendres paroles à ses enlacements.

Fasciné par cette rencontre, qui pesait de tout son poids de réalité sur ses théoriques songeries, Jean cessa de bouger et écouta. En temps normaux, il eût trouvé cette curiosité bien indiscrète et discourtoise. Maintenant, non ! Il se retint même de ne pas leur crier son enthousiasme et qu’ils avaient en lui un admirateur et un fervent…

La femme disait :

— Je t’aime.

L’affirmation s’attestait à la fois languide et forte. Elle ne comportait aucun démenti pos-