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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/184

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les buissons, dans les prés et sur les bords de cette paisible rivière. On n’est jamais seul…

Jean ne se formulait toutes ces hypothèses que d’une façon vague et en somme puérile. Intelligent, il suivait seulement les pentes logiques de l’esprit. Mais les données stables manquaient à ses raisons. Il le sentait et cela le poussait maintenant à un plus grand dégoût des idées qu’on lui avait enseignées.

Il se trouva en ville. La paix n’était certes point en lui. Et sur tant de rêves complexes et divinatoires, l’image de Lucienne passait sans répit.

Que faisait-elle en ce moment ? Il l’imagina contemplant comme lui la lune.

Mais d’avoir vu le couple amoureux, il en vint soudain à imaginer que Lucienne pût penser sur une autre voie… à un autre homme… Son cœur en éclat brusquement… Il voulut se raisonner. L’amour ne comporte-t-il pas une sorte de magnétisme qui force la réciprocité ?

Il se trouvait, sans s’en apercevoir, au centre douloureux de l’immense passion qui ruisselle depuis des siècles dans les âmes. L’impérialisme sexuel cherchait en lui à se formuler. Qui aime doit être aimé. Cela lui semblait aveuglant.

Et désespérément il se demanda encore à quoi Lucienne pouvait songer…

Comme, près de sa demeure il tournait dans