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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/207

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de sa cousine le frappe. Il aime à recevoir des leçons justifiées et s’incline.

— Ne soyez pas si dure, Lucienne. Je sais bien que la vie ne m’a pas encore révélé tous ses secrets, et je puis me tromper. Je reconnais qu’ici vous avez sans doute raison.

Elle sourit avec amabilité, sans mot dire, puis hoche la tête avec un sérieux teinté d’ironie.

Il ne peut raccrocher la suite de son discours.

Lucienne est subtile. Elle joue ici une partie difficile. Elle le sait. Son but est désormais, dans l’incertitude d’un avenir menaçant, d’obtenir beaucoup de son cousin. Beaucoup… telle est sa formule intime, mais elle est bien vague. Jean ne doit pas disposer d’importantes sommes d’argent. Toutefois, le pressentant, elle se fait encore de la fortune une idée romanesque. Elle se figure que les Dué doivent posséder en quelque lieu secret des monceaux d’or où l’on pourrait puiser…

Mais Lucienne ne sait pourtant pas comment passionner Jean, de telle sorte qu’il devine seul et offre ce qu’elle attend de lui. Elle n’ignore point que son désir ne saurait s’exprimer. Il se suggestionne. Et tout en sachant que femme elle porte le mystère de toutes suggestions devers les mâles, elle n’est pas sûre même que se donner soit propre à la servir. D’ailleurs elle ne voudrait se donner qu’en amour. Or, si elle aime