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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/206

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quoi vous avez chargé cette vieille taupe de m’apporter un message. Elle va le répéter partout.

Cette fois Jean est content de soi. Il a lancé sa phrase tout à trac. Elle ne s’engrène pas très bien avec le reste de la conversation. Mais l’important était de la dire. C’est fait.

Lucienne répond avec lenteur :

— Qui vous dit, cousin, que la vieille bavardera ?

— Une mendiante, ça ne peut pas être discret.

Elle hausse les épaules,

— Parlez de ce que vous savez, Jean, mais pas du reste. Les mendiants possèdent tous d’importants secrets et ils les gardent. Le métier fait connaître bien des choses, allez…

— Comment savez-vous que la vieille est discrète, pour ne parler que d’elle ?

— Mais, Jean, elle veille les morts, elle fait les commissions des amants, elle aide les fraudeurs et les braconniers. Croyez-vous que cela puisse s’allier avec les confidences inconsidérées ?

Jean se tait. Dans sa pensée, et parce qu’il est un fils de riche bourgeois, il ne peut spontanément croire aux qualités du bas peuple. La discrétion comme la franchise doivent être vertus de gens cossus. Pourtant le ton acerbe