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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/235

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— Mais non, mon vieux.

— Tu la connais ?

— Oui, elle m’a accosté l’autre jour comme je me promenais.

— De jour ?

— De nuit !

— Elle est bien. Mais j’aimerais mieux l’autre Dué, tu ne la connais peut-être pas, cette jolie gosse qui se nomme Lucienne ?

Jean haussa les épaules.

— Tu me dégoûtes.

Il rentra mécontent de soi. L’air dissipait son besoin de sommeil, mais une fois dans sa chambre, il le retrouva. Il n’osait se coucher sur son lit fait et somnola avec peine et ennui sur un fauteuil.

Le repas fut morne, personne ne fit au jeune homme d’observations, comme il le craignait, sur sa mine. D’ailleurs il y avait des invités, deux parents d’une ville voisine. Après déjeuner, jusqu’à deux heures, ce fut de nouveau la somnolence dans sa chambre close, puis le cours vespéral.

À quatre heures, se sentant toujours plus las, Jean alla se promener un peu au bord de l’eau. Il revit le spectacle qui l’avait charmé l’avant-veille. La nature perdait sous la grande lumière solaire son mystère et sa douceur nocturnes. Pourtant la rivière coulait un flot argenté