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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/234

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Le matinée fut pour lui ténébreuse et vide. La fatigue, cette fois, était maîtresse de son corps. Il lutta avec une énergie féroce contre le sommeil qui lui abaissait la tête vers les feuillets où il écrivait sur Jean-Jacques Rousseau. Le professeur, par chance, était un faiseur de cours. Il parlait, de huit à dix heures, et les jeunes gens devaient simplement prendre des notes. Le dos courbé, faisant semblant de suivre de près l’éloquence professorale, Jean fermait les yeux et se laissait aller dans une ombre douce et muette. Mais, brusquement, son front penchait en avant et il s’éveillait, horrifié.

Les deux heures passèrent sans plus d’accrocs. À la sortie un de ses camarades lui dit :

— Qu’est-ce que tu as fait, Dué, cette nuit ? à

Jean le regarda avec un air menaçant.

— Quoi ! on dirait que je te demande de coucher avec ta femme ?

Jean devint plus rogue. LU

— Cette nuit, j’ai fait ce qui m’a plu.

— Hé ben, mon vieux, dis-lui, à celle qui t’a plu, qu’elle prenne plus de précautions. Elle t’a démoli tout à fait. Tu parais déterré.

Jean haussa les épaules.

— Veux-tu faire un peu de boxe ?

— Non, merci. Dis donc, est-ce que cette Alphonsine Dué qui fait… enfin : qui fait le truc, est de tes parentes ?