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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/35

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— Faut le demander à ma femme.

— Je le lui ai demandé. Elle ne désire que ça.

C’était parfaitement exact.

— Et elle, Lucienne, tu le lui as dit ?

— Est-ce que l’on a besoin de demander à ces gamines leur autorisation ? Tu es tout à fait fou. Il suffit que ta femme et toi soyez du même avis. C’est avec vous que je fais l’affaire.

— Avec elle aussi, disait l’autre, moitié parce qu’au fond il aimait sa fille, moitié pour discuter le marché comme un paysan qui n’accepte pas sans réfléchir de vendre son veau le prix que lui-même en a demandé.

Le forgeron versait une nouvelle rasade.

— Écoute, il faut me dire oui ou non. Tu sais que moi j’ai de la peine à me passer de femme. La belle Nicaise m’a fait dire par son frère que ça lui serait bien agréable de se marier avec moi.

La belle Nicaise était une veuve, fort riche, habitant non loin de la ville et dont la salacité faisait l’objet d’une chronique scandaleuse abondante comme un folk-lore.

— Oui, Nicaise, moi je la connais !

— Entendu ! tout le monde la connaît. Mais elle a du bien. Tu sais, elle ne donnerait pas ce qu’elle a pour cinq cent mille francs.