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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/93

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Le jeune homme, voyant pour la première fois une toilette féminine, goûta mal son charme et sa grâce. Il eut même, en contemplant sa cousine nue, une déception. C’est qu’il ne connaissait le corps de l’autre sexe qu’à travers les mythologies sculptées. Il vit donc Lucienne vraiment trop différente de la familière Vénus de Milo. Où trouver en elle l’incurvation des hanches et la sphéricité de formes tenues pour canons mêmes de l’esthétique ? Sa cousine avait un corps sec et garçonnier. Jean en perdit la curiosité avec le désir. Une seule chose le toucha toutefois au plus profond de sa sensibilité : la vue des aisselles ombreuses et d’une mince toison transparente aperçue lorsque Lucienne terrifiée avait jailli du lit.

Elle sut d’ailleurs, sitôt un peu de sang-froid revenu en sa petite âme, si bien se dissimuler que nue encore, et s’agitant, et se vêtant, elle ne manifesta plus ces nudités-là.

Sitôt habillée, elle regarda son cousin avec angoisse.

— Vous y êtes, Lucienne ?

— J’y suis, mais je ne suis pas peignée.

— Il y a là-haut tout ce qu’il faut.

Elle se rassura.

— J’ai eu peur…

— Mais de quoi donc ?

— Je ne sais pas… Je croyais que…