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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/155

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apprend donc que tous ces espoirs sont ruinés et qu’il s’agit maintenant de défendre sa vie. Pompée, pour se délivrer d’un insupportable rival, cherche un terroriste audacieux afin de faire assassiner le Proconsul des Gaules. Sinon, on le fera juger… et condamner.

C’est le moment le plus tragique de cette destinée étonnante. César envoie aussitôt des cavaliers rappeler ses légions en Gaule. Il se méfie pourtant du recours à la force. S’il pouvait tenter une réconciliation, il le préférerait.

Le 26 décembre, il charge Curion, toujours audacieux, d’aller porter une dernière lettre au Sénat. Il consentait à abandonner son Proconsulat si Pompée l’imitait.

Pompée, puissamment millionnaire, ayant été plusieurs fois Consul et Impérator, ami des plus importants sénateurs du temps, familier des magistrats en office et toutefois aimé du peuple, ne pouvait pas sembler capituler devant un ultimatum du « chef d’aventuriers », ainsi qu’on nommait César.

On suit bien là le « complexus » des grands événements historiques. Aucun Pompée n’aurait capitulé devant César. Aucun César ne se fût incliné devant Pompée. L’un tenait l’autre pour un chef de brigands, l’autre jugeait le premier un prétentieux imbécile.