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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/182

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l’avait salué en lui apportant la tête de son ennemi, soigneusement salée. La scène inspira à César un accès de tristesse qu’on lui a imputé à ironie ou à bonté. Ce n’avait été ni l’un ni l’autre. César était un homme d’intelligence fine et sensible. Il perçut les retours de la destinée dont lui-même était menacé. Une tristesse certaine se dégageait de ce tableau, en effet : un misérable eunuque d’Égypte lui présentant, à lui que Pompée avait fait mettre hors la loi, la tête de ce puissant chef, son ex-associé et ennemi, auquel il aurait suffi d’être encore vivant et de paraître sur les Rostres pour sans doute dominer encore.

À Alexandrie, toutefois, César redevint le grand politique conscient de son autorité et des responsabilités romaines. Le roi Ptolémée devait à Rome beaucoup d’argent. César était Consul, donc maître. Il vint au palais royal, avec ses légionnaires, et commença par prétendre régler le différend entre Ptolémée XIII et Cléopâtre, frère et sœur et époux.

 

Gardé par ses soldats, fort redoutés des Alexandrins, César se reposait, certaine nuit, au Palais vide de Ptolémée, dans une haute pièce rhomboédrique peinte de ces étranges figures à têtes d’animaux qui tant étonnaient