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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/181

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toire. Il est important parce qu’on admet mal de voir un Marc-Antoine, soldat violent, aventureux et énergique, après avoir scandalisé Rome par l’étal d’une salacité peu sentimentale, devenir aux mains d’une Cléopâtre certainement fanée et âgée, un jouet falot et amorphe. Il est encore plus extravagant de voir César, ayant pendant trente-cinq ans vécu pour acquérir la puissance, et ayant tout sacrifié pour elle, oublier sa vie, et Rome qui n’est pas encore sienne, et sa situation, chancelante encore malgré la plus merveilleuse victoire, et même ses ennemis. Cela pour passer six mois à errer en dahabieh sur le Nil, avec Cléopâtre, sans donner ni recevoir de nouvelles, quand Rome l’attend, que son parti se décompose un peu plus chaque jour, que le problème des dettes rend la populace toujours plus irritable et qu’un des sous-ordres de César peut d’un jour à l’autre s’emparer du pouvoir. Ainsi déjà, pensait faire, d’ailleurs, son fidèle Labiénus, devenu Pompéien après neuf années de fidélité au Proconsul des Gaules.

Qu’importait à César, il aimait l’Égyptienne. Il avait couru après Pompée, avec toute l’énergie divertie que cet homme étrange apportait aux choses les plus redoutables. Quand il était arrivé en Égypte, on