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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/194

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d’autres illustres notables d’antan, à quelques fantaisies galantes, mais non point à ce sans-gêne tout hellénique. S’imaginait-on un véritable chef de pouvoir décidant des choses graves au milieu d’un sérail de femmes nues, ou se faisant mener à la Curie avec dans sa litière un giton à droite et une aulétride de Corinthe à gauche. Dolabella, qui était un tribun fort « avancé » quoique perdu de débauche, ne réclamait-il pas aussi l’abolition des loyers. Il y eut même, à ce propos, un combat féroce en plein Forum entre ennemis et partisans de cette mesure démagogique. Dolabella, patricien adopté dans la plèbe, ironique, incroyant et voluptueux, représente un type extrêmement moderne de politicien aussi intelligent que cynique. On ne voit évidemment pas bien comment la présence de César eût adouci tant de colères, calmé tant de querelles et fait régner quelque ordre dans cet état en déliquescence. De toute vraisemblance, il fallait que la misère publique et les antagonistes sociaux en vinssent à tel degré d’acuité que, prête à tomber dans l’anarchie totale, la population romaine acceptât n’importe quel sacrifice pour une forme quelconque d’ordre. Cela devait appartenir au temps d’Octavien. Les amis de Dolabella et lui-même eussent créé une république communiste à la Laconienne. On peut