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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/199

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cette foule rigide et sombre. Les boucliers carrés suivaient le rythme de la marche et tous les cinq pas les lances heurtaient le sol d’un coup sec.

Alors, les acclamations populaires devenaient délirantes. C’était là la gloire, la force, la puissance romaine. Les vétérans de cent combats, la face dure, groupés autour de leurs enseignes, donnaient à la plèbe accourue un sentiment passager de vigueur et de dignité. À la suite des légionnaires, que les centurions aux loriques dorées, aux armes d’argent, surveillaient en serre-files, c’était la masse des trésors ramenés par les soldats de César. Certains venaient d’Égypte, d’autres d’Afrique, d’autres d’Asie Mineure. Il y avait des statues d’ivoire, des étoffes d’or fin, des robes brodées en Extrême-Asie, des orfèvreries couvertes de gemmes et des divinités de tous peuples, Anubis et Mithra, Horus et Javeh, Thor et Isthar. Des pancartes expliquaient les choses et leur origine au sommet de longues perches peintes en rouge, portées par des vétérans. Une Vénus nue et sexuée, tenue par cinq numides à robes blanches, prétendait figurer l’Aphrodite cilicienne, mais, en vérité, c’était Cléopâtre elle-même et le peuple le devinait bien. Des murmures en effet s’élevaient au passage de la déesse insolente, de la reine