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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/242

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édifice de fagots, fait exclusivement de branches coupées dans les jardins consacrés à Vénus, il y eut un immense cri de désespoir et la foule commença de s’agiter férocement.

Devant les craintes d’une émeute, le corps de César fut ramené à la Régia.

Là on improvisa un bûcher à l’entrée du Forum avec les clôtures, les sièges et les boiseries des monuments voisins. Enfin on y mit le feu. Le corps fut bientôt entouré de flammes.

Alors les auletrides et les esclaves psalmodiantes que la famille avait disposées autour de l’aire enflammée quittèrent leurs stolas rouges et les jetèrent dans le feu crépitant. Les vétérans des armées de César vinrent jeter aussi leurs couronnes et leurs casques à cornes, témoignages des gloires acquises sous le Proconsul. Des Romaines accoururent offrir leurs objets précieux, et la nuit tomba dans un concert de hurlements désespérés, tandis que des centaines de courtisanes ayant jeté sur le bûcher ce qui les vêtait, dansaient nues en signe de deuil autour du bûcher mourant où César, naguère maître du monde, n’était plus qu’une pincée de cendre.

Une magnifique débauche agita, cette nuit-là, la ville et les alentours du Forum. Toutes les émotions sont aphrodisiaques, et sans doute le désir est-il un dérivatif néces-