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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/243

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saire des grandes secousses nerveuses, chez les êtres, par unité comme en groupes. On connaît la prodigieuse salacité du soldat en campagne… Éréthisé par les psalmodies de vocératrices, par l’incendie, la joie et la fureur, par le bouleversement d’une terreur panique et d’espoirs irraisonnés, le peuple romain se vautra donc dans la lubricité. Suburre fut partout. Aux Rostres même, venues des lupanars suburrans, des prostituées poussaient sans cesse des appels passionnés. On tua beaucoup aussi, après le plaisir, car la volupté aime à s’ensanglanter.

Le matin vit, aux carrefours, près des autels sacrés, bien des corps sacrifiés à quelque fureur intime, ou à la divinité naissante de celui qui venait de mourir. Sur le lieu où Caïus Julius César avait été exposé, entre la courbe rostrale et le temple de Janus, on découvrit même le corps d’une courtisane grecque que César avait aimée. Elle était morte, portant trente coups de poignards comme le Dictateur assassiné. On vit là une sorte de présage, une réalité divine, un de ces jeux d’événements qui marquent obscurément, mais avec force, le côté fatidique d’un grand fait.

Le soir de ce jour tragique, tandis que Rome encore angoissée cherchait à compren-