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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/256

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même du Sénat étaient également semés de traits qu’on dirait aujourd’hui obscènes.

Lorsque César dit à un de ces ennemis qu’il le narguera en pleine figure et que l’autre lui répond que la chose n’est pas facile à « une femme », nous avons tous entendu l’équivalent de cet échange d’insultes entre deux souteneurs dont l’un traite l’autre de « suceuse » et reçoit, en échange, le qualificatif de « loppe ».

Plutarque dit, par un autre exemple, que la veille de passer le Rubicon César rêva qu’il recevait de sa mère un baiser immonde. Une telle chose — qu’on devine — dépasserait aujourd’hui les limites du supportable. Je pourrais d’ailleurs citer mille exemples encore du naturel que les Romains mettaient à parler de l’acte — des divers actes — que l’amour inspire. On m’a comprise ? Il me fallut donc apporter un tempérament à la liberté ancienne. Mais la vérité c’est qu’il ne sera possible de donner de la civilisation païenne une idée exacte et intelligente qu’en plaçant la luxure sur le pied même des affaires d’État. Il faudra surtout comprendre et admettre ces scènes de banquets — les Romains y dévoraient le plus clair de leur fortune — où, étendus sur des lits, femmes et hommes mêlés se divertissaient — le mot