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pour de hauts destins. Lorsqu’il pleuvait, il aimait à courir sous le compluvium, pour s’accoutumer à supporter le froid. Le plus fréquemment, il rôdait avec curiosité dans les pièces sacrées de la maison, et on remarqua tôt son incroyance et son irrespect pour les vieilles traditions. Il plaisantait les Pénates, dieux des provisions dont se nourrit la famille, et révérait comiquement leur symbole — un oignon. À huit ans, il riait déjà avec ironie du génie dont sa mère lui avait confié, sans sérieux, qu’il habitait le lit nuptial…

Le jeune César fut passionnément aimé par Aurélia Marcia. Elle était d’ailleurs fort intelligente et non moins coquette. On la voyait souvent venir chercher son fils pour converser avec lui durant les soins intimes de sa toilette. Il avait cinq ans lorsqu’elle le mena aux Thermes, où fréquentaient les plus belles Romaines, celles dont les mœurs passaient pour moins pures que la peau. Au matin, lorsque son père allait recevoir ses clients, et vérifier leur fidélité ou leur répartir des subsides, l’enfant aimait à le suivre attentivement, et, comme un jeune animal, semblait deviner les espions ou les traîtres.

La fréquentation des Thermes lui donna le goût de se faire caresser et choyer. À six ans, c’était un enfant délicieux, futé et mince,