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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/50

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On ne pouvait ignorer, en effet, que César, époux de la fille de Cinna, le fidèle ami de Marius, fût toujours un ennemi de Sylla, comme toute sa famille. Donc, s’il rentrait dans la Cité, étant tenu pour dangereux, il était condamné !

Mais, aux observations de ses camarades, presque tous, d’ailleurs, hostiles comme lui au Dictateur, César répondit que Sylla ne vivrait pas toujours et qu’il voulait se rapprocher de Rome pour y reparaître aussitôt que l’homme haï serait allé retrouver ses ancêtres.

De tous ceux qui l’écoutaient, un seul comprit que César savait quelque chose d’inconnu encore et qui lui assurait de revoir bientôt sans danger la demeure paternelle. C’était un jeune homme de vingt-huit ans, très beau parleur, mais auquel tout le monde reprochait d’être envieux, jaloux, cauteleux, et sans cesse prêt à tourner le dos aux opinions de la veille, si celles du lendemain semblaient plus profitables. Il se nommait Marcus Tullius Cicéron, à cause d’une loupe poilue (cicer) qui lui ornait la joue et dont César s’était gaussé souvent. Quand César fut parti, Cicéron à son tour ne l’appela plus que la « reine de Bithynie ». Leurs camarades riaient…