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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/80

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une fois le crime accompli. Je ne sais pas en quoi Catilina, qui mourut si énergiquement à Pistoya pourrait être infériorisé en valeur morale à Décimus Brutus.

Sempronia était belle, dansait bien, faisait des vers et figurait un joli type de femme révolutionnaire, comme fut en 1789, la charmante Aimée de Coigny, la Belle Captive d’André Chénier. Sempronia apparut même par ses relations une des forces du parti de Catilina. César la connaissait intimement…

La conjuration de Catilina poussa-t-elle assez loin ses préparatifs de guerre civile pour justifier la répression sanguinaire de Cicéron ? Quant à moi j’en doute, parce que l’acte vraiment révolutionnaire, irréparable et décisif qui met un parti dans telle position qu’il ne puisse plus reculer, n’apparaît pas dans l’histoire surtout cancanière écrite par Salluste. Mais Cicéron était plein du désir, quasi maladif, de se voir décerner les honneurs spéciaux d’un « père de la patrie » (nom qu’il s’attribua alors sans modestie). Un jour donc, au milieu du Sénat, le Consul dénonça Catilina avec cette éloquence incontestablement vigoureuse et sobre qui était la sienne. Catilina, qui était présent, sortit de la Curie en menaçant d’engloutir Rome sous les cendres… Cicéron continua après son départ à