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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/82

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intransigeant, avait poussé à l’exécution en masse, jugée par lui encore insuffisante. Mais Lentulus était Préteur et, quelle que soit la passion politique de ceux qui font de cette répression un titre de gloire à Cicéron, il n’en subsiste pas moins qu’exécuter un Préteur, sans comparution, sans défense légale et sans jugement, après lui avoir, soi-disant escamoté sa Préture, sembla à Rome un coup d’État judiciaire assez corsé. Cette opinion fut évidemment celle de tous les Romains, puisque la conjuration de Catilina mit le point final aux ambitions politiques de Cicéron. On ne voulut plus admettre à aucun poste notable un homme aussi dépourvu de sang-froid et dont la prétention était si démesurée.

Il est d’ailleurs bon de remarquer que l’année suivante on l’accusa officiellement d’avoir fait tuer aussi, sous prétexte qu’ils participaient au complot de Catilina, la plupart de ses ennemis personnels. L’exil fut prononcé plus tard avec la confiscation des biens. Mais cette confiscation, prévue par tous les politiciens romains, opérait difficilement tant la législation avait de détours et d’échappatoires. En tout cas, un grand mystère continue à planer sur cette affaire, où le rôle de Cicéron fut des plus louches.