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Page:Dunant - Un souvenir de Solférino, 1862.djvu/66

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d’arbres, elles ne préservent que bien imparfaitement de l’ardeur d’un ciel de feu les blessés qui sont, pour ainsi dire, empilés les uns sur les autres : on peut se figurer les tortures de ce long trajet ! Un signe de tête amical, adressé à ces malheureux quand on passe près d’eux, semble leur faire du bien, et ils le rendent avec empressement et avec l’expression de la reconnaissance. Dans tous les bourgs situés sur la route qui conduit à Brescia, les villageoises sont assises devant leurs portes, faisant silencieusement de la charpie : lorsqu’un convoi arrive, elles montent sur les voitures, elles changent les compresses, elles lavent les plaies, renouvellent la charpie, qu’elles imbibent d’eau fraîche, et elles versent des cuillerées de bouillon, de vin ou de limonade dans la bouche de ceux qui n’ont plus la force de lever ni la tête ni les bras. Les chariots qui apportent sans cesse au camp français des vivres, des fourrages, des munitions et des approvisionnements de toute espèce arrivant de France ou du Piémont, au lieu de retourner à vide emmènent et transportent les malades à Brescia. Dans toutes les bourgades que traversent les convois, les autorités communales font préparer des boissons, du pain et de la viande. À Montechiaro, les trois petits hôpitaux de cette localité sont desservis par des paysannes de l’endroit qui soignent avec autant d’intelligence que de bonté les blessés qui y ont été placés. À Guidizzolo, un millier d’entre eux ont été convenablement installés dans un vaste château, quoique d’une manière toute provisoire ; et à Volta