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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/140

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une légère et presque transparente chemise de fil qui lui descendait jusqu’à la taille, Lola, en voyant entrer les deux rivaux, avait dénoué ses longs cheveux noirs pour remplacer son rebozo[1] absent, et s’en était fait un voile pudique et charmant.

Un poète qui l’eût vue ainsi à moitié ensevelie dans l’ombre qui adoucissait encore la forme de ses contours, et dans cette parure virginale et empreinte d’une adorable et gracieuse gaucherie, eût certes, tout en maudissant l’insuffisance de la rime, admiré un tel tableau sans oser risquer le moindre sonnet.

L’effet que la vue de ce tableau, produisit sur Cota et le Tecualtiche, quoique différent, n’en fut pas moins manifeste. Cota devint affreusement pâle et porta vivement sa main sur son cœur pour en comprimer les battements désordonnés ; le Tecualtiche, après un moment d’hésitation et de surprise, ébloui, fasciné, hors de lui, les yeux injectés de sang, fit un signe de croix et se mit à murmurer machinalement : « Hay Jésus ! hay Jésus ! qu’elle est belle ! » Quoique Lola, à en juger par ses yeux baissés et son air inattentif, n’eût pas perdu une seule de ces marques d’admiration, aucun tremblement, aucune altération ne se fit

  1. Rebozo, écharpe en soie aux mille dessins, qui remplace, chez la Mexicaine en toilette de négligé, la mantille.