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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/216

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Malgré le sévère décorum qui règne au Mexique dans une partie de jeu, et qui défend toute marque d’approbation ou de désapprobation, ce dernier coup acheva d’électriser l’assemblée, et une triple salve d’applaudissements éclata tout à coup au milieu du silence ; on venait de retrouver Cota. Quant au curé Ignacio, il sanglotait de joie et ne cessait de répéter avec enthousiasme :

— Oh ! quelle partie ! quelle partie ! mon Dieu ! que c’est beau !

Semblable à un tigre renfermé dans une cage de fer, le Tecualtiche se promenait à pas furieux au milieu de l’appartement, et semblait ne pas se douter que cent regards curieux suivaient et épiaient ses moindres mouvements. Enfin, s’arrêtant devant Cota, tandis qu’un éclair illuminait sa noire prunelle :

— Eh bien ! señor, dit-il, ne continuons-nous pas cette partie !

— Volontiers, cher compadre ; mais qu’avez-vous donc encore à jouer ?

— La maison que j’ai achetée et fait meubler pour Lola, répondit l’Indien.

— Soit. À combien l’estimez-vous ?

— Ce qu’elle me coûté, douze mille piastres.

— Je vous crois sur parole. Restez-vous banquier ?