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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/236

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Une fois mes bagages tant bien que mal arrangés dans ma chambre, je descendis au parloir : le déjeuner était servi, et l’on allait se mettre à table.

Trois personnes, — parmi ces convives que je ne connaissais pas encore, — attirèrent spécialement mon attention.

La première, jeune fille de dix-huit à vingt ans, appartenait, sans contredit, à cette belle et forte race américaine que les excès de la civilisation n’ont pas encore eu le temps d’abâtardir. Les traits réguliers de son frais visage, ses grands yeux bleus, sa magnifique chevelure châtaine, son teint resplendissant d’éclat, — quoique un peu hâlé par le grand air, — formaient un ensemble sinon poétique et distingué, du moins très-agréable. J’appris, par la suite, qu’elle était l’enfant de la maîtresse du Boarding-house, et qu’elle se nommait miss Annette B***.

La seconde personne était un colossal Américain, probablement un Kentukien. Je me trouvais assis à côté de lui. Son habit et son pantalon noirs, aussi propres que râpés, sa cravate blanche, ses favoris coupés au niveau de l’extrémité inférieure de son oreille, sa figure fraîchement rasée, son air froid, qu’il désirait évidemment rendre imposant, le faisaient assez ressembler à un médecin de village appelé en consultation au château voisin. Son costume,