Aller au contenu

Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trop sévère pour le matin, contrastait aussi d’une façon curieuse avec les formes athlétiques et les membres énormes qu’il recouvrait. À peine assis, — et il le fut avant tout le monde, — mon voisin commença par faire main-basse, avec une prodigieuse célérité, sur les plats placés devant lui. Tranches de veau froid et de roastbeef, poissons bouillis, œufs cuits avec du jambon, légumes, fruits et confitures, s’élevèrent bientôt en forme de pyramide sur sa seule et même assiette.

Enfin, la troisième personne qui, avec le grand Kentukien et la jolie miss Annette, avait le privilége d’attirer, comme je l’ai dit, mon attention, était placée à l’autre extrémité de la table presque en face de moi. C’était un homme auquel une figure bronzée par le soleil, maigre, osseuse et dénuée de barbe, permettait difficilement d’assigner un âge précis entre vingt et trente-cinq ans. Ses bras grêles, ses épaules étroites et voûtées, son buste élancé ne dénotaient certes pas une force corporelle égale à celle de mon voisin le Kentukien ; cependant, je crus deviner en lui une de ces organisations sèches et nerveuses que nous autres Espagnols qualifions de aguante (de résistance), et qui, semblables au roseau, supportent facilement la tempête, pendant que le chêne tombe brisé et vaincu. Cet homme, à en juger par sa toi-