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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/239

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pect bizarre, cet homme eût encore éveillé l’attention d’un observateur par la curieuse expression de son regard. Ses yeux, quoique naturellement brillants, étaient fixes et semblaient déceler, au premier abord, une intelligence moins qu’ordinaire ; quelques éclairs contenus qu’ils jetaient en se tournant vers la belle miss Annette, éclairs imperceptibles pour une personne qui n’eût pas connu, comme moi, les sauvages Peaux-Rouges de la Prairie, m’apprirent que l’air d’indifférence presque idiote de mon vis-à-vis de table était tout bonnement un masque trompeur que sa force de volonté mettait sur son visage. Je crus pouvoir, dès ce moment, lui assigner une nation. Pendant qu’on nous apportait le thé, le Kentukien, dont l’assiette, après avoir servi de base à la belle pyramide déjà décrite, ne présentait plus depuis longtemps déjà qu’une surface plane et éclatante de blancheur, le Kentukien, dis-je, après s’être nettoyé avec soin les ongles, s’occupait à lire le journal américain The Daily News.

Deux oh ! oh ! fortement accentués, et marquant un profond étonnement, qui sortirent de sa vaste poitrine, firent lever la tête aux convives.

— Une importante nouvelle, sir ? lui demanda un autre Américain.

— Oui, fort importante.