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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/246

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— Elle est fort simple, la voici en peu de mots : Il y a six mois aujourd’hui que je rencontrai en Californie, mêlées à une caravane d’Américains, la señorita Annette et sa mère. Je devins tout aussitôt éperdument amoureux de la fille de notre hôtesse actuelle. J’étais à cette époque tellement ivre de joie, car je venais justement de découvrir le placer du Sacramento, que j’offris, sans hésiter, à la belle Américaine, 500 onces d’or[1], c’est-à-dire tout ce que je possédais, pour un rendez-vous… elle refusa. Exaspéré par ce refus, auquel j’étais loin de m’attendre, mon amour s’accrut de toute la violence du désespoir que me causa ce contre-temps, et se changea bientôt en une de ces passions terribles, irrésistibles que nous seuls Gambusinos savons éprouver, lorsque nous rentrons pour un instant dans la vie commune. Je me jetai à ses genoux ; je la suppliai de rester en Californie, lui jurant sur le Christ de l’épouser avant six mois, et de lui apporter en cadeau de noce pour un demi-million de poudre d’or… Cette fois elle ne jugea même plus à propos de me refuser… elle me prit pour un fou. Que vous dirai-je de plus ? Le lendemain de cette scène, la caravane partit, et je la suivis. Deux mois plus tard, je me trouvais, sans m’en douter, à la Nouvelle-Orléans.

  1. Environ 40,000 francs.