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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/250

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richies en une seule journée et par une seule trouvaille, tombaient sous le couteau d’un assassin mystérieux et inconnu ; d’autres, misérables et dénuées de ressources, faute d’un peu d’eau pour humecter leur gorge enflammée et fendue, faute d’un peu de maïs pour soutenir leur faiblesse, mouraient à quelques pas d’un gros morceau d’or dont la découverte les eût enrichies à jamais.

Quant, à moi, spectateur impassible en apparence de toutes ces joies et de toutes ces douleurs, je souffrais… oh ! comme il n’est pas donné à l’homme de souffrir ! Un amant passionné, qui verrait sa maîtresse adorée livrée à des mains brutales et infâmes, tandis que lui, chargé de fers, ne pourrait courir à son secours, serait seul à même de comprendre la douleur sans nom que j’éprouvai !

Rafael Quirino, vivement ému, s’arrêta un instant.

— Ô Nabogame ! — reprit-il peu après, en faisant un effort sur lui-même, — à quels affreux tableaux n’as-tu pas servi de théâtre ! Combien de fois ton sable recouvert des ossements des mules mortes de soif n’a-t-il pas été arrosé de sang par l’envie et par la vengeance !

— Je comprends que la cupidité ait pu armer, à