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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/256

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partenant aux dernières classes de la société, une grande vigueur poétique et une rare élégance de langage.

— Soit. Je comprends jusqu’à un certain point vos raisons, — lui dis-je ; — mais, une fois que vous aurez été témoin du pillage de votre placer, que ferez-vous ?

À cette question, la figure habituellement si insignifiante et si effacée du Gambusino prit une teinte de mélancolie profonde, une expression grave et recueillie, presque solennelle.

— Je remettrai alors ma vie entre les mains de Dieu ! me répondit-il d’une voix émue.

— Un suicide !

— Oh ! ce n’est pas cela… vous ne m’avez pas compris… Je voulais dire que j’essaierai alors d’accomplir un grand acte que je poursuis depuis des années ! Je partirai de nouveau pour le désert, je reverrai cet or, que nul œil humain, je vous le répète, n’a dû voir avant moi, cet or, sur lequel je me suis traîné déjà, mourant de soif, et tellement affaibli par la faim, que c’était à peine si je pouvais me défendre contre les attaques des oiseaux de proie qui s’abattaient sur moi, me prenant déjà pour un cadavre… Mais, je le sens, je ne réussirai pas !

— Eh bien ! alors ?