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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/257

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— Mon nom ira grossir cette longue liste funèbre de Gambusinos disparus mystérieusement dans le désert… dans vingt ans d’ici je ne serai plus qu’une tradition enveloppée de ténèbres.

Puisque vous éprouvez ce pressentiment fatal, pourquoi n’abandonnez-vous pas votre projet ?

— Je le voudrais, mais je ne le puis… Cette force invincible, cet instinct inexplicable dont je vous parlais, me poussent malgré moi à ma perte… je sais que je vais à la mort et je vais… que voulez-vous ? on est soumis à sa destinée, on obéit à sa nature !

Ce Quirino, que je voyais pour la première fois, présentait un si singulier mélange de tristesse profonde et de courageuse résignation, que je me sentis malgré moi entraîné vers lui. Sans songer aux points sombres et sanglants qui tachaient peut-être son passé, je lui tendis sincèrement la main.

Don Rafael, lui dis-je, permettez-moi, en ma qualité d’Espagnol, de vous considérer comme un compatriote, et de vous offrir mon amitié… peut-être bien cette amitié ne vous sera-t-elle pas inutile… car je ne désespère pas encore, je vous l’avoue, de vous faire changer d’idée sur vos futurs projets.

Le Gambusino serra cordialement ma main dans les siennes, et ne me répondit que par un sourire