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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/258

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d’incrédulité accompagné d’un lent mouvement négatif de tête.

Je pris alors congé de lui pour aller vaquer à mes affaires. Nous convînmes de nous retrouver au dîner. Le reste de ma journée s’acheva dans une série de déboires. Les déplorables événements qui venaient de s’accomplir en France, le triste état dans lequel se trouvait le commerce au Mexique, et le peu de confiance qu’inspirait ce pays livré à l’anarchie, me firent essuyer des refus formels dans toutes les maisons où je me présentai pour obtenir à crédit des marchandises que je voulais rapporter avec moi à la Vera-Cruz. J’étais donc d’une humeur abominable en revenant au Boarding-house. Je trouvai tout le monde à table : le dîner commençait.

Après avoir été serrer la main de ma nouvelle connaissance, le Gambusino, je fus reprendre ma place du matin, auprès du grand Kentukien, John Bell. Le Goliath américain, fidèle à ses habitudes, avait déjà élevé sur son assiette une formidable pyramide composée de tous les mets divers et mêlés qui encombraient la table ; mais, chose inouïe ! le sommet de sa gastronomique construction était encore intact.

John Bell, l’air réfléchi, absorbé, oubliait de manger ; peut-être même n’avait-il pas faim ! Je ne pus,