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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/26

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Une triple rangée de joueurs debout entourait la table du monte.

Tous ces braves caballeros regardaient avec des yeux brillants de convoitise les cent piastres qui formaient le chétif enjeu de la banque.

Je dois l’avouer, la jeunesse dorée de Mexico ne justifiait que fort mal cette superbe désignation.

Il y avait là, pour un observateur, de curieuses études à faire.

Parfois, l’on voyait l’un des gagnants combattu par deux sentiments puissants, hésiter à exposer une seconde fois son faible gain aux chances d’un nouveau hasard. Sa conscience de joueur lui montrait la retraite comme une action lâche et infâme, (car le Mexicain, semblable à l’énergique Fernand Cortez brûlant ses vaisseaux, ne retire jamais sa mise qu’après lui avoir fait subir au moins six fois, en entier, le caprice de la taille), tandis que d’un autre côté une rude abstinence de plusieurs jours le disposait à la faiblesse. L’issue de ces combats intimes était diverse, mais le joueur l’emportait cependant presque toujours sur l’homme. La nécessité cédait à la passion. J’éprouvai presque malgré moi un sentiment pénible, en voyant parfois un pauvre diable, à la figure pâle et amaigrie, aux yeux cerclés d’un profond sillon,