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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/27

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faire un violent effort sur lui-même pour sourire doucement à la carte qui venait lui faire perdre son dernier espoir. Il n’y a réellement que les gens qui sont parvenus à se faire, à leurs yeux, d’un vice une vertu, capables de tant de rigidité dans l’accomplissement de ce qu’ils considèrent comme un devoir. Du reste, pour bien faire comprendre jusqu’à quelles héroïques proportions le Mexicain laisse grandir la nécessité, je ferai observer que, grâce à un rayon de soleil et à une centaine de cigarettes, il oublie complètement pendant trois jours toutes exigences de la vie animale : encore passe-t-il souvent ce troisième jour à réfléchir s’il est bien urgent qu’il se mette le lendemain au travail.

L’attention que je mettais à examiner les joueurs m’avait complètement fait oublier mon ami Salazar : le petit officier se rappela de lui-même à mes souvenirs en me frappant sur l’épaule.

— Eh bien, don Pablo, me dit-il, avez-vous été heureux ? quant à moi, j’ai perdu mes cinq piastres.

— Ma foi, mon cher Salazar, je vous avouerai que j’ai oublié de jouer.

— Je ne puis m’expliquer une pareille distraction, que par la préoccupation que doit vous causer votre prochain départ, me dit Salazar assez étonné. Après tout, ceci peut se réparer. Mais permettez-moi, don