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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/283

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que des zopilotes étaient occupés à faire leur repas.

— Si les questions que je vous adresse sont naïves, don Rafael, vos réponses sont, en compensation, terribles… Pourquoi donc ne m’avez-vous pas énuméré à la Nouvelle-Orléans tous les déboires que me promettait un placer ? Je ne serais pas parti…

— Je ne voulais pas vous priver de la fortune que vous accordait mon amitié… — me dit le Gambusino en souriant. — Du reste, soyez sans crainte… tant que je vivrai, et je ne compte pas mourir, votre vie et vos richesses ne courront aucun danger. Après tout, ce placer du Sacramento, à peine effleuré encore par la rapacité des hommes, offre de moins mauvaises chances que s’il était exploité depuis longtemps : on peut le comparer, jusqu’à un certain point, à ces mers qui regorgent de poissons et où les requins, rassasiés de proies sans cesse à leur portée, ne songent pas à attaquer les baigneurs. Laissez le sol du Sacramento s’appauvrir, l’or y devenir plus rare, les difficultés pour se le procurer grandir, et l’assassinat y remplacera bientôt le travail… Malheur à ces Européens avides que je vois accourir ! Leurs ossements, déchiquetés par le bec des oiseaux de proie, blanchiront sur cette terre qu’ils avaient vue dans leurs songes émaillée d’or, et qui leur servira de tombeau. Ma foi ! ils auront bien mérité leur sort.