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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/300

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faiblis par les fièvres, que leurs jambes tremblantes pouvaient à peine les soutenir, n’en travaillaient pas moins, avec ardeur, au lavage de l’or. Un d’eux nous montra un grain d’or, puisque c’est le terme convenu, de la grosseur d’une orange. Il l’avait trouvé en jetant sa pelle par terre, au moment où il allait se livrer à la sieste, et il ne paraissait que médiocrement satisfait. Des fragments de quartz, emprisonnés dans ce grain dont ils diminuaient le poids, troublaient sa joie : cependant il pouvait bien valoir de 12 à 14, 000 francs. La cupidité est certes, de tous les sentiments humains, le plus difficile à contenter.

Rafael Quirino, que j’observais sournoisement sans qu’il s’en doutât, ou, pour mieux dire peut-être, sans qu’il fît semblant de s’en douter, montrait une parfaite indifférence à la vue de toutes ces trouvailles. Était-il résigné à son malheur ? Je n’osais l’espérer.

Ma montre que je consultai, en me sentant fatigué, m’apprit qu’il était deux heures.

— Donnez-moi votre carabine, — me dit Quirino, — et reposez-vous en m’attendant au pied de ce rocher. Si vous avez envie de dormir, dormez. Cette place me paraît parfaitement sûre ; je ne vois autour de nous ni empreintes humaines ni traces de serpents. Je vous rappellerai dans deux heures un jeune et gras chevreuil.