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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/305

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nullement et ne m’inspira aucune idée d’ambition. Je n’avais plus qu’une seule pensée, celle de retourner en Europe.

Quoique mon ami Quirino me montrât, toutefois, la même affection, je ne trouvais plus chez lui ces moments d’épanchements et de gaité auxquels il m’avait habitué pendant notre voyage de la Nouvelle-Orléans au placer du Sacramento. Froid, morose, taciturne, Quirino restait souvent plusieurs jours sans m’adresser une seule parole ; ses absences devenaient aussi de plus en plus fréquentes et prolongées.

Le vingtième jour de mon arrivée, Quirino entra dans ma tente. Son air était plus sombre encore que de coutume.

— Cher ami, me dit-il, il peut se faire que, d’un moment à l’autre, je quitte le placer, et je veux, avant mon départ, compléter votre fortune. Vous sentez-vous assez fort et assez déterminé pour entreprendre, avec moi, une expédition de longue haleine ?

— Oui, don Rafael ; mais permettez-moi, avant de discuter l’opportunité de cette expédition, de vous faire entendre quelques paroles de reproche et d’amitié… Je sens instinctivement, don Rafael, que vous méditez l’accomplissement de ce projet insensé dont vous m’avez parlé à la Nouvelle-Orléans… vous