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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/306

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êtes au moment de partir pour votre fameux val d’or. Pourquoi, je vous le demande, jouer à chances inégales la vie contre la mort, pour acquérir des richesses ? Si la passion de l’or, passion à laquelle je ne puis croire, en présence du rare désintéressement que vous avez montré à mon égard ; si la passion de l’or vous domine, mon Dieu ! ne foulez-vous pas, en ce moment, le sol du Sacramento !… En vingt jours, vous m’avez fait presque riche, et vous ne vous êtes occupé de moi qu’un seul jour ; en un mois, si vous le voulez sérieusement, vous posséderez un million… que vous faut-il de plus ? Vous ne connaissez pas l’Europe, allons-y ensemble… avec un million, vous y mènerez, pendant deux ans, une vie d’enchantements et de délices.

Rafael Quirino m’écouta gravement, sans m’interrompre.

— Ami, me dit-il, quand je cessai de parler, j’apprécie le bon sentiment qui vous inspire, mais je ne puis suivre vos conseils… Oui, si je le voulais, il me serait facile de gagner, non pas un million, mais trois à quatre millions au Sacramento…

— Et vous ne le voulez pas ?

— Non, je ne le veux pas ! Le cœur du Gambusino possède une fierté inconnue au restant des hommes, qui l’empêche de s’enrichir en exploitant un placer