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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/34

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épaules sur mon bras gauche, et de ma main droite saisissant un poignard que je portais à la ceinture de mon pantalon, je pris une pose digne du Cid, et, relevant fièrement la tête, je contemplai d’un air hautain et féroce mes ennemis. Dieu sait pourtant l’admirable strophe que je composais alors mentalement en l’honneur de la police, et la joie que m’eût causée l’apparition du plus modeste et du plus débraillé sereno ou gardien de nuit, de tout Mexico. Cependant, comme on s’habitue à tout, même à être héroïque, je me trouvai après une demi-minute — un siècle — bien plus à mon aise pour me rendre compte de ma position. Ce fut alors seulement que je remarquai que parmi tous les joueurs de ce club, si vanté par mon ami Salazar, j’étais le seul dont la contenance annonçât de belliqueuses dispositions. Mes prétendus ennemis me regardaient tous d’un air humble et suppliant, et semblaient être mes très-humbles esclaves. La joie que me causa cette découverte me fit tellement exagérer ma pose théâtrale, que les joueurs effrayés reculèrent spontanément d’un pas ; le Cid Campéador dut tressaillir d’indignation dans sa tombe, de se voir ainsi surpassé.

— À qui diable donc en voulez-vous, señor don Pablo ? s’écria derrière moi une personne dont je crus reconnaître la voix. Je me retournai et me