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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/33

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dises ; ceux-ci, maquignons de chevaux ; ceux-là, courtiers de mariage ; enfin, tous vivent le plus honorablement du monde, grâce à une industrie accessoire ; quant à moi, je suis contrebandier. Vous devez comprendre, sans peine, combien ma position me permet d’être utile aux nécessiteux. C’est là tout le secret de l’espèce de popularité dont je jouis.

En effet, cet éclaircissement me parut des plus satisfaisants, et j’allais remercier Bravaduria de la bonne volonté qu’il avait bien voulu mettre à satisfaire ma curiosité, lorsqu’à mon grand étonnement je vis tous les joueurs de la partie de monte se retourner vers moi, tandis que le croupier ne cessait de s’écrier en me désignant du doigt :

— C’est ce caballero ! c’est ce caballero !

Ma première pensée fut que j’avais été reconnu comme Français, et je songeai d’abord à gagner la porte de sortie ; mais je dus renoncer à cet espoir, car malgré une énergique et intelligente distribution de coups de coudes et de coups de poings, je me trouvai bientôt entouré par une foule compacte de joueurs. Une retraite honorable et savante ne m’était plus permise, et une fuite honteuse même me paraissant impraticable, il ne me restait plus qu’un parti à prendre : d’être héroïque, Laissant donc glisser adroitement mon zarape, ou manteau de laine, de mes