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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/38

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sent quelles garanties exigez-vous de moi en échange du prêt que vous êtes assez bon pour me faire ?

L’histoire racontée par l’homme aux vieilles savates, au sujet des piastres fausses, me revint à l’esprit ; et persuadé que je devais être payé, par le monte, en monnaie plus que suspecte, je répondis magnanimement et sans hésiter :

— L’assurance d’être agréable à un galant homme me suffit, capitaine.

Cette réponse sembla surprendre mon interlocuteur ; il se découvrit respectueusement, puis, gardant son chapeau à la main, il me dit d’un ton fort sérieux :

— Seigneur don Pablo, j’ai des excuses à vous présenter.

— À moi ? Et pourquoi donc ?

— Parce que, naguère, je vous prenais pour un provincial simple et naïf, et que mon intention, en vous empruntant de l’argent, n’était de vous le rendre qu’autant que le hasard s’en serait mêlé. À présent, je vois que ce que je prenais pour de la simplicité est tout bonnement de la grandeur ; et le triste et brutal aveu que je vous fais de mes mauvaises intentions vous prouve l’estime particulière que vous m’inspirez. J’accepte néanmoins votre prêt, seulement je vous engage ma parole d’honneur qu’avant