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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/48

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couvrait le visage : voici un foulard des Indes que l’on m’a donné hier en souvenir, et que je croyais avoir perdu ce soir, dans le club de la jeunesse dorée de Mexico. Recevez mes remercîments pour me l’avoir rapporté à l’hôtel. En parlant ainsi je remis le foulard dans la poche de côté de mon doliman.

Salazar, qui, jusqu’à ce moment avait supporté si stoïquement le malheureux épisode de la valise, ne put cacher la colère que lui causa l’incident du foulard : — Don Pablo, don Pablo, s’écria-t-il les yeux brillants de colère, votre cœur d’étranger, de Français est donc insensible à tout beau sentiment !… La délicatesse ne s’explique point, elle s’apprécie ; tant pis pour vous si votre brutalité me force à des explications… ma justification fera votre honte. Non, ami ingrat, vous ne m’aviez point chargé de venir chercher votre valise, mais vous m’aviez avoué que cette valise renfermait votre argent de route, et je craignais, dans ma sollicitude pour vous, qu’elle ne s’égarât à l’hôtel. Non, vous ne m’aviez point donné ce foulard des Indes ; mais je savais que vous deviez partir demain pour un long voyage, et, quoique mon cœur fût affecté de la froideur de vos adieux, je tenais cependant à conserver un souvenir de vous… voilà pourquoi j’avais pris votre foulard… À présent, adieu pour toujours.