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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/49

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Salazar, après avoir fourni ces victorieuses explications, se dirigea de nouveau, mais cette fois d’un pas triomphant, vers la porte de sortie ; arrivé sur le seuil, il sembla hésiter, puis, se tournant de mon côté, le visage inondé de larmes : — Cher don Pablo, ami de mon cœur, s’écria-t-il en se précipitant vers moi les bras ouverts, le courage me manque quand je songe que je ne vous reverrai peut-être plus jamais… non, nous ne pouvons nous séparer ainsi avec la haine au cœur… vous m’avez méconnu, cruellement méconnu… mais j’oublie tout en ce moment solennel… Adieu, adieu, don Pablo !

Quoique cette comédie, essentiellement mexicaine, commençât à m’ennuyer, je n’en rendis pas moins à Salazar son chaleureux abrazo : c’était le meilleur moyen de me débarrasser de lui. En effet, mon petit officier s’en alla aussitôt après, sans ajouter une seule parole, et comme abîmé dans sa douleur.

Minuit sonnait au couvent voisin, je n’avais donc plus que quatre heures devant moi jusqu’au départ de la diligence ; aussi me fis-je indiquer, sans perdre de temps, la chambre qui m’était destinée, mes émotions de la soirée me rendant le repos nécessaire. Quelque précipitation que je misse à me déshabiller, je n’en remarquai pas moins, en retirant mon doliman, que les poches en étaient parfaitement plates.