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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/57

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défendre ceux que l’on vole… et l’on vole tous les jours.

— Madame, répondit don Andres en me regardant, vous ne devriez point dire de pareilles choses devant monsieur, qui est un étranger. C’est lui donner une triste idée de notre belle patrie, la patrie des grandes choses et de la liberté.

— Mais du tout, seigneur Moratin, dis-je au sénateur, il y a des voleurs partout, même chez les peuples les plus civilisés… et cela ne rejaillit en rien sur l’honneur d’une nation.

— Ce que vous dites là, caballero, est fort sensé, répondit Moratin, en me saluant ; du reste, vous devez savoir que l’Europe elle-même est loin d’être aussi avancée que le Mexique en civilisation. Puis-je vous demander à quelle nation vous appartenez ?

— Je suis Français.

— Ah ! vous êtes Français. — Eh bien, avouez, caballero, que votre patrie était aussi peuplée de voleurs que peut l’être actuellement le Mexique, lors de l’avènement au trône de votre roi le grand Frédéric.

— Le grand Frédéric ? répétais-je tout étonné.

— Oui, le grand Frédéric, reprit imperturbablement le sénateur de Tabasco, puis il ajouta en souriant avec bonhomie et finesse : Vous semblez tout