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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/58

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étonné, señor, de ce qu’un Mexicain connaisse votre histoire.

Je m’inclinai avec déférence, et le plus bas qu’il me fut possible.

— Et que pensez-vous de votre roi Henri VIII, cet hérétique odieux, ce bigame effronté, que notre Très-Saint Père excommunia, puis fit mettre en prison ? Cherchez dans toute notre histoire, et vous ne trouverez pas, je vous le jure, une pareille monstruosité.

Le grand Frédéric avait déjà porté atteinte à mon sérieux, Henri VIII me le fit perdre tout à fait, et je fus obligé de mettre la tête à la portière.

— Que regardez-vous, señor ? me demanda doña Lucinda Flores d’une voix émue.

— Rien, señora ; je prends l’air.

— Ah ! vous m’avez fait peur ! je croyais que nous étions attaqués.

— Et quand cela arriverait, señora, répondis-je en faisant résonner dans ma poche une trentaine de piastres, en petite monnaie, que l’on m’avait conseillé de garder sur moi, afin de pouvoir, en cas d’attaque, offrir mon humble contingent aux voleurs et ne point encourir leur colère ; au total, il n’y aurait là rien de bien terrible ; c’est une halte à faire, quelques cris sauvages à entendre et quelques piastres à sacrifier.